8 mars, célébration de « la Femme » ?
Une fois dans l’année, le monde entier se met à célébrer « la Femme » à travers une journée qui lui est dédiée. Mais de quelle Femme parle-t-on ?
Ne vous faîtes pas d’illusions car « la Femme » qu’on honore aujourd’hui, la seule Femme digne d’intérêt et de respect, c’est La Femme moderne et occidentale qui n’est soumise à personne. C’est la Femme occidentale libre et émancipée. C’est celle qui s’est élevée au XXème siècle contre le patriarcat qu’elle subissait depuis déjà trop de siècles. Celle-là même que le système a su aliéner. Jouet d’un appareil politique démagogue. Poupée d’une société qui lui crée et impose les règles du jeu. La prolétaire de l’homme n’est plus au XXIème siècle prolétaire de son père et beaucoup moins de son mari, mais elle est devenue l’esclave d’une machine exigeante, lui dictant sa conduite derrière des injonctions. La femme moderne est sous pression, on attend d’elle qu’elle soit intelligente, belle, féminine, brillante, ouverte, heureuse, souriante; on attend d’elle qu’elle dirige d’un coup de maître sa vie personnelle, professionnelle et intime sans jamais lui dire qu’elle a le choix. Sans jamais lui rappeler qu’elle n’est pas seule, et qu’elle peut choisir le poid qu’elle veut porter sur ses épaules. Partout on acclame cette Femme modèle, cette femme parfaite. Partout on lui rappelle qu’elle est libre, qu’elle ne voit que par ses propres yeux les magazines; qu’elle ne touche que par ses propres mains ses outils de travail pour lequel elle perçoit en moyenne 20% de moins que son collègue; qu’elle n’écoute que par ses propres oreilles tous les bons conseils que ces messieurs lui donnent; et par conséquent, qu’elle ne pense que par elle-même toutes ces frustrations qu’elle intériorise.
©Sanaa K
J’aimerais proposer de remplacer la journée de la Femme, par la journée des Femmes. Oui, je dis bien LES FemmeS ! Les Femmes dans toute leurs singularités. Les femmes dans toute leurs pluralités. Les Femmes, car la Femme n’existe pas sinon dans le fantasme d’une société qui broie les individus, et encore plus les individues. Les femmes ne veulent pas qu’on les appréhende comme une masse uniformisée. Non, les femmes veulent être respectées dans leur spécificités. La société ampute aux femmes leurs différences. La société censure les voix des femmes qui veulent s’exprimer ! Pourquoi ? Pourquoi cette dévalorisation ? Parce que certaines femmes sont têtues. Parce que certaines femmes n’aspirent qu’à être elles-mêmes, elles veulent suivre leurs propres convictions et leurs propres visions. Parce que ces femmes sont contagieuses ! Parce qu’une société dirigée par l’égalité fait trop peur à ceux qui ne se sentent virils que dans le rabaissement de l’autre.
Les femmes cesseront-elles d’être perçues comme étant à la seule et naturelle disposition des fantasmes et exigences de l’homme ? Les femmes pourront-elles, enfin, un jour exister par elles-mêmes, pour elles-mêmes ?